Réactions

A Paris, le 26/10/2005

Chère Madame,

Je vous dois beaucoup de remerciements pour avoir eu l'heureuse idée de m'offrir la biographie de votre mère. Je viens d'en terminer la lecture; c'est un livre exceptionnel et passionnant.

Une biographie, certes, le récit d'une vie telle que l'a pensée et ressentie votre mère. Mais commentée, expliquée par vous-même, en Préface et en Postface, donnant ainsi au lecteur les clefs pour mieux comprendre et ressentir les drames, les joies et les déchirements vécus.

Mais quel document « sociologique et historique » écrit, au début, votre préfacier ; certes, mais, selon le regard du lecteur, ethnologique (quel talent d'observation, de restitution- quel humour parfois- cf. l'accouchement d'Hanna !!) ou anthropologique.

Si j'avais à refaire un cours d'Anthropologie je mettrai ce roman (car on songe souvent aussi au roman d'une vie) au programme! Vous dites en note que « le Mellah de Fès est le personnage principal de ce récit ». C'est exact et c'est bien ce que retiendrait le regard de l'anthropologue - sociologue. Et tout ce que vous dites de la féminité- socialement définie- est parfaitement dit et restitué.

Merci donc de cette si émouvante lecture.

Je vous dis toutes mes félicitations pour ce beau livre et mes amitiés.

Pierre Ansart
Professeur à la Sorbonne, auteur notamment de « Proudhon et la République »


Le 20 mai 2004

Chère soeur Colette Roumanoff,

Quel bonheur! J'ai retrouvé « Récit d'une enfance marocaine » dans un carton... Déménagement, immobilisation totale devant ma vielle machine à écrire, durant un an et demi, pour la rédaction de mon nouvea roman, « L'homme qui venait du passé » qui sort début octobre chez Denoël et va me valoir beaucoup d'ennuis,
J'ai aimé votre livre – c'est à dire vibré. Je ne sais comment en parler dans un article de fond, puisqu'il a paru en 2003. Peut être dans la revue « Tel Quel », une excellente revue de notre pays natal.
Peut -être aussi l'adapterais-je en un feuilleton dramatique pour France-Culture.

Je vous embrasse

Driss Chraïbi


Le 7/01/2004

Chère Madame Roumanoff,

Tout d’abord mes meilleurs vœux pour cette nouvelle année.

Merci d’avoir pensé à m’envoyer votre livre. Je l’ai lu avec émotion car il restitue une part à la fois douloureuse et lumineuse de notre mémoire. Ce qui me frappe, alors que j’ai vécu de l’autre côté de la barrière, c’est combien le vécu des petites gens était le même. Et puis, il y a cette langue populaire commune (qui passe à travers le français), si truculente et inventive.

J’ai toujours défendu l’idée qu’il s’agit là d’un patrimoine dont nous sommes les dépositaires. Au-delà des aléas et des déchirements de l’histoire, nous avons la charge de le sauvegarder afin de mieux le comprendre et l’intégrer à ce qui constitue notre richesse. Je crois que beaucoup de Marocains, notamment au sein de la classe intellectuelle, ont bien compris cela et oeuvrent depuis de longue années pour que cette part juive de leur culture soit restaurée dans toute sa dignité.

Bien amicalement vôtre

Abdellatif Laâbi